Alors que le monde médiatique du Golf, ne s’intéresse qu’au « LIV Tour Exhibition », et ses golfeurs déjà millionnaires. Il m’a semblé beaucoup plus intéressant d’essayer de connaître un peu mieux cette championne française : Celine Boutier. D’une grande discrétion médiatique, cette golfeuse n’a cessé de progresser et d’obtenir des résultats probants. Elle fait maintenant partie des meilleurs joueuses du monde, elle est 23ième mondiale.
La naissance d’une championne
Céline Boutier est née à Clamart le 10 novembre 1993, elle a une sœur jumelle (qui ne fait pas de golf) et un jeune frère. Comme beaucoup d’enfant de son âge, c’est un de ses parents, fondu de la balle blanche, qui l’initie à ce sport.
« J’ai débuté le golf grâce à mon père, qui était fou de ce sport. Il a commencé à nous emmener au club avec mon frère et ma sœur dès l’âge de 6, 7 ans. »
Celine Boutier (Forbes France)
Dès le début, elle a pratiqué le golf en parallèle d’autres activités comme la danse, la natation voire le piano. Il semble de plus en plus important, dans la formation des jeunes, d’éviter toute forme de spécialisation trop précoce (cf. le livre Range de David Epstein). Pour pimenter le challenge, il ne semble pas que ses débuts golfiques aient été tonitruants notamment parce qu’elle n’était pas forcément bonne. Et puis, au fur et à mesure de sa croissance, elle a commencé à faire des compétitions de façon plus régulière et devenir bien meilleure. Elle s’est alors concentrée uniquement sur le golf en en faisant 2 à 3 fois par semaine. Ensuite, elle rentrera assez tardivement en sport étude (16 ans) pour ensuite rejoindre le pôle France (à 17 ans). Les entrainements quasi quotidiens lui ont permis de passer un cap et d’obtenir d’excellent résultat, les principaux (son palmarès est déjà impressionnant) :
- 2009, elle est championne de France U-16 ;
- 2010, elle gagne deux titres en junior ;
- 2011 est une année riche, puisqu’elle réalise en autre les performances suivantes :
- Elle remporte l’AJGA Annika Invitational (tournoi junior pour les filles regroupant chaque année depuis 2009 les meilleurs espoirs), avec notamment un tour en 66 !!
- Elle est finaliste de la « British Girls Cup » ;
- Elle est membre de l’équipe Européenne Junior et participe à la Junior Solheim Cup (victoire des US en Ireland) ;
- Avec l’équipe européenne, elle remporte le trophée Vagliano, opposition entre l’Europe et les Britanniques.
- 2012, elle remporte les internationaux de France Junior, elle perdra au deuxième tour du « Ladies British Open » et sera éliminée au troisième tour de l’US Open par une certaine Lydia Ko.
Ces chiffres sont impressionnants, d’autant plus qu’elle a commencé le golf relativement tardivement par rapport à ses concurrentes. Par ailleurs, étant donné ses résultats, elle a été plusieurs fois membre de l’équipe de France et de l’équipe européenne comme évoqué plus haut.
Celine Boutier l’américaine !
En 2012, ou un peu après, elle rejoint l’université US de Duke. Comme elle l’a très bien expliqué :
« Il y a vraiment plusieurs raisons. Tout d’abord, en France, après le baccalauréat, il faut choisir entre le sport et les études supérieures. Or, je voulais avoir un bagage académique solide et anticiper une potentielle reconversion, pour des raisons de santé ou de performance. Je souhaitais me développer en tant que joueuse, étoffer ma technique et renforcer mon mental. Les Etats-Unis offrent ce cadre, mêlant travail académique exigeant et préparation sportive de haut niveau. J’aspirais également à rejoindre le circuit américain parce qu’il est le plus prestigieux et le plus difficile au monde.«
Céline Boutier (Forbes France)
Au-delà de la volonté, in fine, de rejoindre le circuit américain ; il y a cette possibilité offerte par les universités US de repousser le plus longtemps possible le choix entre le sport et les études. Ce qui est un luxe, surtout lorsque l’on veut faire une carrière sportive qui est par définition très aléatoire. L’originalité vient du fait que cette talentueuse golfeuse française est une des rare à afficher ses ambitions pour rejoindre l’élite américaine. Ça impressionne et c’est assez rare pour être souligné.
L’université de DUKE a de très bons résultats en Golf avec 7 titres NCAA (championnat par équipe) et 22 ACC (championnat par équipe de la cote est – atlantique). Elle y restera jusqu’en 2016, avec là encore des résultats impressionnants.
Je ne sais pas si elle a bénéficier du programme d’aide de la fédération française de golf qui va jusqu’à financer une petite centaine d’espoir du golf français, ou c’est sa famille qui s’est débrouillée seule.
Ses résultats, durant ses quatre années américaines, parlent d’eux-mêmes : elle a été une des meilleures joueuses du championnat de la côte Est, elle a aidé les « Blues Devil » (équipe de Duke) à gagner le titre national en 2014 et elle a également remporté le titre de meilleur joueuse universitaire cette année-là !!
Bref, Celine Boutier a réalisé ce qu’aucun golfeur français (sauf erreur de ma part) n’a réalisé. C’est-à-dire, avoir des résultats probants en junior et les confirmer, un fois au sein de l’élite universitaire américaine.
La suite, que l’on a tendance à oublier, elle rejoint le Symetra Tour pendant deux ans. Ce Tour est la seconde division américaine avec (en 2021) 20 tournois pour un « prize money » de 200 000$ environ par tournoi. Bref, un excellent apprentissage pour les futures professionnelles du LPGA Tour. Elle gagnera deux titres sur ce Tour (Self Regional Healthcare Foundation Classic et Sioux Falls GreatLIFE Challenge) et fera 8 TOP 10. Elle est la troisième de la promotion (de 2017) à avoir gagné en une seule saison plus de 100 000$. Enfin, elle a été la première joueuse française (depuis 2013) à monter sur le LPGA Tour depuis le Symetra.
Des résultats rien que des résultats
Bien évidement, les résultats obtenus sur le Symetra Tour ce sont confirmés sur le LPGA Tour et sur le circuit Européen se. A ce jour, Celine Boutier est membre du TOP 25 mondial. Là encore, c’est une performance exceptionnelle. A titre de rappel, Victor Perez (un des meilleurs golfeurs français) n’a jamais dépassé la 30ième place (2020) au classement mondial.
Ses victoires sont les suivantes :
N° | Date | Tournoi | Score | Victoire de | Finalistes | Tour |
1 | 18 novembre 2017 | Sanya Ladies Open | 12 | 4 coups | Solar Lee | Ladies European Tour |
2 | 9 septembre 2018 | Australian Ladies Classic | -10 | 2 coups | Katie Burnett | Ladies European Tour |
3 | 10 Février 2019 | ISPS Handa Vic Open | -8 | 2 coups | Sarah Kemp Su-Hyun Oh Charlotte Thomas | LPGA Tour |
4 | 18 Septembre 2021 | Lacoste Ladies Open de France | -11 | 1 coups | Kylie Henry | Ladies European Tour |
5 | 3 Octobre 2021 | ShopRite LPGA Classic | -14 | 1 coups | Brooke Henderson Ko-Jin Young Inbee Park | LPGA Tour |
Sur les majeurs, Celine Boutier fait 4 Top 10 depuis 2018 :
- US Women’s Open, T5 en 2019
- Women’s British Open, T6 en 2019
- Women’s PGA Championship, T7 en 2021
- The Chevron Championship, T4 en 2022
Malheureusement, l’Evian Championship ne semble pas lui réussir pour le moment. En effet, elle n’a jamais fait mieux que la 29ième place (2021). Est-ce que l’enjeu d’être une française sur « son » majeur la fait déjouer ? Est-ce que c’est le parcours qui ne lui convient pas ?
SOLHEIM CUP 2019, la performance !!
Mais ce qui a, semble-t-il, sceller son aura international sont ses performances en Solheim Cup. C’est surtout lors de sa première sélection (2019) qu’elle marquera les esprit en remportant 4 points dont 2 foursomes et 1 fourball avec l’Angalise Georgia Hall. Elle remportera de nouveau le titre avec l’équipe européeene en 2021.
Mais, sa performance en 2019 (en Ecosse) n’a pas été suffisamment mise en avant. C’est sûr que tous le monde se souvient du dernier « putt » de Suzanne Petterson lui donnant birdie sur le 18 et la victoire aux européennes. Ensuite, l’espace médiatique a été fortement occupé par l’annonce de retrait du golf professionnel de la même Suzanne Pettersen (9ième participation à la Solheim Cup). Cependant, deux joueuse européennes ont gagné à elles seules 14-1/2 points à Gleneagles, Céline Boutier et Geogia Hall. Elles ont fait un 4-0-0 record pour la semaine.
Un petit rappel, Boutier et Petterson étaient des choix du capitaine…
Le duo Boutier-Hall a été un succès, remportant les trois matchs qu’elles ont joué ensemble.
« Pour venir faire ça dans sa première Solheime Cup, chapeau bas et une formidable performance, Celine. Bravo! »
Catriona Matthews capitaine de l’équipe européenne 2019 et 2021
L’idée derrière cette paire diabolique, était d’associé le très bon petit jeux et le putting de Celine Boutier à la qualité de jeux de fer de Geogia Hall.
CONCLUSION
Il est évident qu’on aimerait la voir remporter un Majeur !
Oui ce n’est pas évident. Mais elle a tout pour y parvenir : un investissement à 100%, une gestion du stress dans ce type de grands évènements, une habitude de la gagne et des performances sur le circuit le plus prestigieux, une équipe de coach au « top »…
Bref, les éléments nécessaires sont là, il ne reste plus qu’à saisir les opportunités. Je sais, j’entends déjà les cassandre me rappeler, justement, qu’elle n’a pas passer le CUT lors du dernier Majeur… C’est exact ! Mais combien de finales à perdu André Agassi avant de s’imposer ?