Bryson Dechambeau, le pacificateur !

Bryson Dechambeau exultant après sa victoire à l’US Open 2024 (source PGA Championship 2024)

Il avait tout pour être agaçant… Il s’est fait connaitre des Français, en perdant chez les amateurs, en finale de la Georgia Cup (finale amateur entre le vainqueur de l’US Open et The Open), face à notre Romain Langasque national. Ensuite, son début de carrière sur le PGA Tour et sa casquette retro on fait le reste. Tu aimais ou tu détestais le Bryson. Mais, depuis son départ surprenant vers le LIV Tour et sa mue, à la fois dans sa communication et dans son jeu, le Bryson n’est plus le même. Ses dernières performances en Majeurs, auréolées par une victoire au dernier US Open semble montrer que le golf à besoin d’un « nouveau » Bryson Dechambeau.

US OPEN 2020

Bryson Dechambeau, US Open 2020 (source Rolex)

Sa carrière professionnelle sur le PGA Tour, débutée en avril 2016, ne tarde pas à décoller. En effet, entre 2017 et 2020, il gagne 6 fois sur le PGA Tour. Le Bryson, transformé musculairement (voir bodybuidlé pour certains) remporte son premier majeur, lors du 12Oième US Open (Winged Foot). Il suit une tactique simple : envoyer des énormes Drives, pour avoir un second coup beaucoup plus simple et donc des opportunités de birdies. Celles-ci, sont assez logiquement converties grâce à sa technique de putting (et son putter). Il finira par gagner avec 6 coups d’avance sur le second, un certain Matthew Wolff.

Bryson et Matthew en pleine lecture lors du dernier tour de l’US Open 2020 (source Rolex)

A partir de là, les golfeurs étaient partagés, par sa transformation physique, son jeu parfois lent (ex : lecture des putts), ses mimiques sur le parcours… Bref, les positions étaient tranchées. Ça ne s’est pas amélioré, avec ses déclarations en novembre 2020, sur le parcours de l’Augusta National (i.e. c’est un par 67, sic).

Malgré cela, le Bryson continue son bonhomme de chemin et remporte en 2021, le « Arnold Palmer Invitational« . Mais, le clivage ne va qu’augmenter à la suite du « cut » manqué à The Open, lorsqu’il déclare que son matériel, en l’occurrence son Driver est merdique… Bryson s’excusera quelque jours après.

« That’s what I said a couple of days ago; if I can hit it down the middle of the fairway, that’s great, but with the driver right now, the driver sucks. »

Bryson Dechambeau, The Open 2020

La réponse du Manager de Cobra, son équipementier de l’époque:

« It’s just really, really painful when he says something that stupid. He has never really been happy, ever. Like, it’s very rare when he’s happy »

Ben Schomin, 2020

Bref, les dés sont jetés, tu aimes ou tu détestes Bryson Dechambeau. En fait pas tout à fait, puisque le Bryson surprend tout le monde début 2022 en s’engageant pour le Tour concurrent : le LIV Tour.

2022, l’année noire

Bien évidemment, pour nous petit « frenchies », ce mouvement s’apparente plus à un transfert bien réussit en termes financiers qu’autre chose. Ce n’est pas tout à fait la même chose aux USA, les gracieux sponsors (ex : Rocket Mortgage) coupent les contrats, et les associations des victimes du 11 septembre (911familiesunited.org) envoie une lettre bien sentie aux représentant du Bryson. Ambiance !!!

L’année 2022, s’achève pour Bryson par un décès particulièrement douloureux. Le 5 novembre, il annonce sur les réseaux sociaux, le décès de son père.

2024, la renaissance

Le « nouveau » Bryson, célébrant sa victoire à l’US Open (2024) avec les fans (source PGA Championship 2024)

C’est sans doute, après le Masters 2023 que la transformation a eu lieu. Le Bryson a perdu du poids et a reconnu que sa recherche de puissance avait été néfaste pour sa santé notamment en raison de son régime alimentaire. Pour autant, il n’a pas vraiment perdu en distance de Driving (même si la précision est moins bonne) et le reste de son jeu est revenu à ce qu’il faisait à sa grande époque, en 2018. Ça s’est d’ailleurs traduit, par plusieurs victoires sur le LIV Tour.

Le Bryson « nouveau » est donc arrivée en 2024 avec une grande confiance et une envie de bien faire dans les Majeurs. « Nouveau », parce que c’est la partie immergée de l’iceberg qui est apparue. Mais, Bryson n’a jamais cessé de partager sa passion golfique au travers des réseaux sociaux et notamment sur Youtube. Je vous invite à regarder ses vidéos, notamment sur ses entrainements, c’est assez nouveau qu’un athlète de ce niveau partage et explique sa manière de s’entrainer. Le Bryson, au travers de ses expériences de « Youtubeur », apprend rapidement à jouer et interagir avec une camera. Ca va être une de ses forces pour retourner la planète golfique.

Masters 2024

Bryson sur le 16 lors du premier tour du Masters 2024 (source : Thomas Lovelock/Augusta National)

Le Masters 2024, est la première pierre à l’édifice de la reconstruction. Son premier tour, est un 65 d’une grande maturité. A revoir, tellement ca parait simple ! Malgré cette performance, il n’oublie par ses précédentes déclarations sur Augusta.

« I have a level of respect for this golf course slightly different from a few years ago. Clearly, today was a great test of golf, and I was able to conquer a very difficult golf course today. On the ‘67’ comment, you know you mess up. I’m not a perfect person. Everybody messes up. You learn from your mistake, and that was definitely one.”

Bryson Dechambeau, Maters 2024

Ca ne suffira pas pour gagner le Masters 2024, notamment à cause d’un horrible double bogey, sur le 15, et de nombreux trois putts, lors du troisième tours. La raison, le Bryson à fait du Bryson « old school » en pensant qu’il pouvait faire un « hook » de plus de 150 mètres pour contourner les arbres… Il finira quand même ce troisième tour par un coup de fer rentré pour faire un birdie au 18 !!

PGA Championship 2024

La deuxième pierre à l’édifice, le PGA Championship, c’est même la véritable renaissance du Bryson. Le garçon, va dans la continuité de son Masters, produire trois premiers tours de golf de grande qualité. Il va même y ajouter des moments d’Entertainment en rentrant des chip-in aux meilleurs moments en gratifiant le public et bien sur les caméras de ses « fists-pump » énergiques.

Le Bryson, jouant un golf de haut niveau, en a profité pour continuer à se mettre le public dans la poche, avec bien sur des gros Drives. Mais surtout, un jeu de fer et un putting merveilleux. En cas d’erreur, il pouvait compter sur un petit jeu efficace voir enthousiasment pour le public.

Résultat, un Bryson, confiant mais humble se présente en conférence de presse à l’issue du troisième tour. Tout en expliquant très clairement, comment il s’est mit les fans dans la poche:

La conférence de Bryson à l’issue de son troisième tour.

Après un dernier tour de folie, le titre se jouera sur le green du 18, avec un dernier putt rentré par
Xander Schauffele pour faire birdie et garder un coup d’avance sur Bryson. Le tout, sous ses yeux, alors qu’il est resté au practice en cas de « play-off ».

Acceptant, sans doute difficilement la défaite, Bryson va féliciter immédiatement son adversaire
Xander Schauffele. Un « gentelman », je vous dis.

L’US Open 2024, l’aboutissement

Bryson lors du dernier tour de l’US Open 2024 (source US Open 2024)

Ses trois premiers tours (67,69, 67) lui donnent trois coups d’avance sur ses poursuivants : Rory, Patrick Cantlay et Mathieu Pavon.

Le golf produit par Bryson Dechambeau est dans la continuité de ses deux précédant majeurs : des Drives (en moyenne sur les 4 tours) de 308 mètres mais seulement 57% des fairways touchés, 65% des greens touchés en régulation….avec 17 birdies sur le tournoi.

On voit et on ressent que ce garçon est en pleine confiance et interagit de façon permanente avec le public.

Bryson en parfais stratège communique avec le public (source US Open 2024)

Malgré un dernier tour crispant, Dechambeau fait son premier trois putts du tournoi sur le 15 et Rory se « crash » tout seul. L’américain va gagner cet US Open 2024. Le Bryson n’aura plus qu’a faire le par sur le 18 avec une sortie de bunker de grande classe.

Arès une semaine de beau jeu, de fist-pump et de communication avec le public : Bryson Dechambeau remporte son deuxième US Open qu’il dédiera immédiatement à son père.

Le nouvel animateur du Golf

Pendant ses trois premiers majeurs, Bryson Dechambeau a retourné le public en communiquant avec lui, soit directement soit au travers des cameras qu’il sait parfaitement utiliser. Pendant, ces trois premiers majeurs, on a plus parlé de cette « guerre larvée » entre le PGA Tour et le LIV Tour, on a vu de très belles parties de golf et on a été enthousiasmé par cette énergie « Brysonnesque ».

Cette énergie du Bryson !!

Il est un magnifique exemple de pacificateur. En changeant sa communication, son jeu, il a emmené ce qui manque un peu au PGA Tour, de l’enthousiasme et un peu de folie. Il a mis tout le monde d’accord sur son niveau de golf et a enthousiasmé la planète golf par sur son attitude positive même lors de situations délicates (ex : défaite au PGA Championship). A contrario, aussi immense que soit Rory, il me semble pas qu’il soit resté, à l’issue de sa défaite à l’US Open, pour féliciter Bryson Dechambeau.

Est-ce que les différents entre le LIV Tour et le PGA Tour se régleront un jour ? Je ne sais pas mais je l’espère pour le golf, qu’on parle enfin de jeu. En tout cas, Bryson Dechambeau a participé, par son engagement total dans le jeu du golf, à pacifier le temps de trois majeurs ce sport que j’aime temps.

Je sais qu’il n’a pas passé le « cut » à The Open. Mais pour ceux qui ont suivi ce Majeur, Bryson avait clairement un superbe attitude et il n’a pas mis en cause son équipement…

La Victoire à tout prix!

Xander s’impose (enfin) en Majeur.

Il est évident que la dernière édition du PGA Championship (13-19 mai 2024) marque un tournant dans l’histoire du golf. En effet, la disparition progressive des anciennes grosses pointures, la confirmation de nouvelles ainsi que le dénouement sur le green du 18 lors du dernier tour n’y sont pas étrangers. La victoire, enfin attendue, de Xander Shauffelle, a été, je pense un soulagement pour les amoureux de ce sport, tant il tournait autour. Reste que cette victoire, comme beaucoup d’entre elles, s’est dessinée difficilement mais surement lors de ce dernier tour.

Cette « nouvelle génération » était prête pour ce quatrième tour.

Bien que le climat des premiers tours, ait joué un bien mauvais tours aux organisateurs (fairway et greens très réceptifs), les 8 dernière parties du dimanche étaient en mesure de remporter ce deuxième majeur de l’année. Ce final inédit regroupait principalement cette nouvelle génération de golfeur talentueux, pour certains déjà vainqueur de majeur, si bien « markété » par le PGA Tour. A l’exception, de Justin Rose et Dean Burmester qui faisaient figure d’ancien. L’excitation était totale et la promesse de voir un dernier tour de qualité …

Un duel a trois.

Très rapidement, Sahith Theegala, va déjouer complètement en début de partie et ne plus être un prétendant au titre. Finalement, ce joueur si sympathique aura été sur la continuité de son troisième tour, très nerveux et s’agaçant rapidement dès un coup raté.

Même si Justin Rose a fait espérer tous les européens d’une nouvelle victoire en majeur après un très bon allé. Il n’a pas confirmé par la suite.  Son partenaire du jour Robert MacIntyre, nouveau dans cette exercice de prétendant au titre, n’enquillera pas assez de « birdie » et fera quasi du surplace.


« Évidemment, la Ryder Cup était un peu plus difficile mais j’avais des coéquipiers pour me soutenir. Cette fois, c’est moi et Mike, mon cadet. Nous nous battons autant que nous le pouvons. Je vais devenir nerveux mais tout ce que je peux faire, c’est faire de mon mieux et voir où nous en arriverons. Si j’ai une chance, j’ai une chance, et alors nous pourrons commencer à penser à gagner un tournoi de golf. »

Robert MacIntyre

Enfin, Shane Lowry, qui  avait fait le tour le plus bas en Majeur la veille, s’est agacé très fortement sur le premier par 5. Après avoir manqué le greeen, il a quand même réussit a faire le par. Ensuite il a salement « bogeyé » le par 3 suivant. La suite n’a pas été à la hauteur. Bref, il semble avoir lâché mentalement sur le retour.

Très discret, comme toujours, le belge Thomas Detry, après avoir réalisé trois premiers tours de grande qualité a posté un denier tour sous le par (sans bogey) mais trop loin des trois leaders pour les inquiter. C’est son premier TOP 5 en majeur.

« Ce fut une journée riche en émotions. Et je suis très fier de la manière dont je l’ai gérée. Je ne vais pas le cacher, mais j’ai eu du mal, dans le passé, dans certaines situations stressantes. Et là, je vois que tout ce que l’on a travaillé avec mon équipe et ma femme, pour rester dans le présent, fonctionne vraiment bien. C’est chouette. Je savais que cela allait scorer bas aujourd’hui, après la pluie de ce début de semaine, et avec un rough pas si épais finalement. Et que cela se gagnerait à -20 ou -22. J’ai fait quelques bons saves en début de parcours, puis de chouettes birdies au 7 et au 8 pour lancer la journée. Et j’ai bien géré la fin, avec deux autres birdies au 16 et au 18.« 

Thomas Detry

Un duel à trois.

Xander et Viktor sur le green du 13 lors du PGA Championship

Rapidement Xander, Bryson et Vicktor vont prendre la tête du tournoi en décrochant le reste de leur adversaire. En particulier, Colin Morikawa revenue au tous premier plan depuis plusieurs semaines ; mais incapable, ce dimanche, de mettre un seul putt.

C’est d’ailleurs ces trois là qui vont véritablement animé ce derniers tours et le rendre si excitant. Ce dernier tour a finalement montré trois choses importantes :

  • Xander a finalement construit sa victoire pendant les 3 premiers tours et aussi lors du derniers tour. Notamment en réalisant des putts difficiles pour sauver des pars ou en réalisant ce qu’il maîtrise si parfaitement les approches putts.
  • Viktor a montré, ce que l’on connaissait, un « driving » au top, un bon jeu de fer et des putts parfois bien enquillé. Tout en sobriété mais efficace.
  • Bryson, a pour sa part continué à mettre le feu sur le parcours. Avec sa puissance de feu au « driving », la suite se montrait plus simple sur ce type de parcours.

BRYSON a changé

Le Bryson « nouveau » arrivant sur le 18, lors du 4ième tour du PGA Championship 2024.

Ce PGA Championship a montré un Bryson beaucoup moins arrogant. Il est arrivé sur sa lancé du Masters, où il avait déjà très bien joué. Il aurait sans doute encore mieux fait s’il n’avait pas tenté un coup quasi impossible (un « hook » de 40 mètres) sur le 15 lors du 3ième tour…

Ceci étant dit, il est monté en régime, progressivement au fil des tours. Lors du troisième tour, sa superbe approche rentré au 18 pour « eagle », l’a définitivement positionné comme un potentiel vainqueur. A cette occasion, il s’était mis le public dans la poche grâce à un magnifique « fist pump ».

Il faut dire que le bonhomme est armé pour ce genre de parcours avec son « driving » et une météo local qui a grandement aidé à garder la balle sur les fairway. Après ses approches et son putting ont fait le reste. Mais surtout, le Bryson, s’est rapidement mit le public dans la poche en développement son côté « entretainner » du golf mondial.

Il sera passé par loin d’une deuxième victoire en majeur et aura fait tous ce qu’il faut pour se donner un chance.

Le dénouement sur le 18.

Xander saluant la foule sur le 18 du PGA Championship

Les premiers a arriver sur le green du 18 sont Viktor Hovland et Bryson Dechambeau. Bryson putt le premier et le rentre pour -20 et se donne une chance de disputer un éventuel playoff. Viktor Hovland est quelque seconde plus tard dans la même situation. Malheureusement, il va faire un très vilain 3 putts qui le sort immédiatement de l’équation.

Arrive ensuite, la paire Xander Schauffele et Colin Morikawa. La balle de Xander n’est pas dans le bunker mais le lie l’oblige a avoir les pieds dans le bunker. Il va jouer remarquablement bien son coup de Fer 6 pour se donner une approche facile et un putt pour le -21 de la victoire. En parallèle toutes les TV montrent le Bryson s’échauffant au « practice » en regardant les pérégrinations de Xander sur le 18.

Cette fois-ci, Xander, comme le reste de sa journée ne tremblera pas et rentrera le putt de la victoire.

Bryson, montrera sa classe en allant saluer et féliciter Xander avant que celui-ci file au « recording ».

Pour le reste…

Un dernier tour, sans putting, pour Collin

Finalement, le reste n’a que peu de gout. Bien sur, comme à chaque Majeur, les médias ont voulu nous vendre un retour de Tiger… Mais il semble tellement loin d’un niveau nécessaire pour briller en majeur. Entre son manque de rythme, à cause d’un calendrier alléger, et son boitement bas sur le parcours ; on ne se s’est quelle raison donner à cette mauvaise performance.

Un peu plus inquiétant, le premier tour de Jon Rahm, on a vu un joueur dans la continuité de son Masters semblé être mécontent d’être là. Mais surtout produire un jeu d’un niveau alarment. Souhaitons, qu’il retrouve ses esprits et qu’il redevienne le joueur performant que l’on  connu.

Enfin, le jeune prodige Aberg, n’était pas suffisamment dans le rythme et peut être aussi pas assez remis de sa légère blessure au genou survenu les semaines précédentes.

Non, je n’évoquerais pas Rory qui a toujours autant de mal en majeur… Enfin, Brooks Koepka a battu un triste record il a fait un tour au dessus du par en Majeur pour la première fois depuis bien longtemps….

Bref un superbe PGA Championship qui nous a fait vibrer et retrouver l’ essence de la compétition de golf. Pour un fois la gueguerrre entre le LIV et le PGA Tour est passé au second voit troisième rideau.