
Le grand Nicolas prend sa retraite. Cette sortie a été d’une surprise totale. Après le départ de MLV, la retraite du grand homme Belge marque le tournant d’un certain golf européen. Nicolas Colsaerts est un emblème de ce golf européen fort, et qui tente de garder son indépendance malgré les offensives américaines et asiatiques. Mais plus encore, son singularisme ainsi que sa façon de parler ce sport vont nous manquer. Alors, au lieu de nous lamenter, rendons lui l’hommage qu’il mérite.
Les débuts du Nicolas
Issue, semble-t-il, d’une famille de grands sportifs belges, Nicolas Colsaerts est né en 1982 à Schaerbeek. Son grand-père a notamment été international de water-polo et a fait les JO de 1920. Et son père a joué en première division belge de hockey sur gazon.
Il s’initie très tôt au golf puisqu’il commence à l’âge de 6 ans. Son environnement familial valorisant le sport, il se tourne naturellement vers la compétition. Les résultats chez les jeunes ne se font pas attendre puisqu’il est sélectionné deux fois en Junior Ryder Cup (1997 – 1999) et représente la Belgique à l’Eisenhower Trophy (1998 – 2000). Bref tout roule pour le mieux pour le jeune Nicolas.
Le jour de ses dix-huit printemps (2000), il passe professionnel. Il est alors le deuxième plus jeune joueur à obtenir sa carte de professionnel, juste derrière un certain Seve Ballesteros.
Nicolas, le professionnel

Malgré son talent et son indéniable facilité pour le sport, il va avoir des hauts et des bas sur le circuit professionnel. Il va alterner entre le Challenge Tour et l’European Tour, avant de finalement trouver sa stabilité à partir de 2009. Il a reconnu lui-même que durant cette période, il a dû lutté pendant longtemps. Il avait déclaré à un journaliste américain :
« Je jouais des tournois plus petits en France qui n’étaient pas du tout à la hauteur de ce que j’aurais du être. «
Nicolas Colsaerts (septembre 2022)
Bref, prise de conscience en 2008, déclic, il décide alors de partir plusieurs mois en Australie, dans une académie de golf. C’était pour lui, l’occasion de quitter Bruxelles, son mode de vie, pour partir seul, réfléchir et « retrouver » son identité de golfeur.
Il n’y a pas vraiment de détails sur ce séjour australien. Il est fort probable qu’il a intégré un camp de haut niveau en Australie, probablement dans le Queensland ou en Nouvelle-Galles du Sud, régions réputées pour accueillir des talents européens. En effet, ces structures permettent aux joueurs de bénéficier d’un encadrement intensif et d’un climat idéal.
Le résultat est plus que positif, sa carrière va ensuite s’envoler avec sa première victoire en 2011 au Volvo China Open. L’année 2010 avait déjà été annonciatrice puisqu’il avait réalisé 5 Top10. Il continuera ensuite, en 2012, le pic de sa carrière avec sa participation à ses premiers majeurs avec un Top10 à l’Open Britannique. Bien sûr, 2012 est marqué par sa participation a la Ryder Cup, il gagnera:
- – En « 4 balles » accompagné de Lee Westwood contre la paire Woods-Stricker. Durant cette partie, le Nicolas a planté 8 birdies et un eagle. Woods parlera d’une des plus belles exhibitions de putting auxquelles il a assisté !!!
- – En « Foursomes » accompagné de Sergio Garcia contre la paire Dufner-Z.Johnson
Cependant, il perdra:
- – En « 4 balles » accompagné de P.Lawrie contre la paire D.Johnson-M.Kuchar
- – En simple contre D.Johnson
Mais il aura participé fortement à l’aventure de Medinah avec cette fabuleuse remonté des Européens, le dimanche.
Il aura ensuite un creux de 2014 à 2018 puisqu’il sortira des 150 premiers mondiaux. Avant, de revenir dans le cercle des vainqueurs, en 2019 en gagnant l’Open de France.

En 2021-2022, il aura de nouveau une baisse de résultats. Cette fois si, à cause d’un problème de santé (immunodéprimé) qui l’a impacté pendant plusieurs mois. Il semble sorti d’affaire depuis.
Au total, le grand belge aura remporté, en plus de cette Ryder Cup, 3 tournois sur le « DP World Tour » et 2 tournois sur le « Challenge Tour ». En ce qui concerne les majeurs, ses meilleurs résultats sont un Top 10 à l’Open britannique (2012) et un Top 10 à l’US Open (2013). Bref, une carrière pleine avec plus de 500 tournois professionnels joué et « prize money » de plus de 10 millions d’euros.
Nicolas, le communiquant
S’il y a bien quelque chose de touchant chez Nicolas Colsaerts, c’est sa communication. Il vous touche immédiatement en parlant du golf et du monde du golf d’une façon émouvante et drôle. Ses interviews ont toujours été très directes et il n’a jamais cherché à se cacher lorsqu’il répondait aux journalistes. Il a ce point commun avec Mike Lorenzo-Vera, il sait faire passer le message.
Il y a eu des moments d’anthologie notamment après avoir fait une démonstration de putting devant Tiger Woods à la Ryder Cup 2012. A une question d’un journaliste, qui lui demandera comment il a fait pour réaliser au tant de birdie de suite, le belge répondra :
« You just have to go with what’s in your pants. »
Nicolas Colsaerts – 2012
Ou encore, une fois la victoire des européens acquise et la fête terminé, Nicolas répondra à un journaliste curieux du niveau récréatif des festivités :
« I used to be really, really good at partying, but that had to be in my top three, ever. »
Nicolas Colsaerts – 2012
Bref, du grand Nicolas dans le texte. Mais Nicolas Colsaerts sait aussi très bien parler du golf et vous transmettre l’émotion qui va avec.
Il exploite ce talent a merveille en travaillant régulièrement avec différents média anglo-saxon pour suivre les tournois important du Tour ou les Majeurs. C’est toujours, intéressant de l’écouter témoigner des différentes difficultés des parcours ou de la vie des golfeurs professionnels.

Conclusion
J’ai l’impression que ce genre de joueur va nous manquer dans les prochaines années. Les nouveaux joueurs européens sont mieux préparés et leur communication est beaucoup plus formatée. En effet, les enjeux financiers sont importants. Peut-être que je pense comme un vieux que je suis déjà.
Mais, Nicolas Colsaerts, au-delà de son swing si relâché et de ses résultats, est un garçon excessivement attachant et qui sait transmettre cette passion et cette énergie du golf. Heureusement pour tous ses fans, même s’il sera moins présent sur les parcours, en tant que joueur, il le sera sans doute par procuration en commentant certaines épreuves depuis sa cabine. Merci encore, Nicolas Colsaerts pour toutes ces émotions golfiques et ta bonne humeur.
Merci pour Medinah, mon Nicolas !!!