Diriger depuis 2015, par Keith Pelley, le Tour Européen a évolué ces dernières années pour essayer d’être plus attractif. Malgré cela, le Golf Français a pris de plein fouet la dernière réorganisation du calendrier : programmation de l’Open de France à une date peu propice à son développement (octobre 2019). Pour couronner le tout, les dernières déclarations, du patron du Tour Européen, lors d’un entretien à l’Equipe (30 octobre), laisse planer le doute sur l’avenir de l’Open de France.
Au-delà de cette inquiétude légitime, nous nous interrogeons sur : qui est Keith Pelley ? Qu’a-t-il apporté au Tour Européen ? Quel est sa vision pour l’Open de France ? Est-ce qu’il y a un véritable espoir de revoir cet Open parmi les Rolex Series ?
Keith qui ? Keith Pelley, le patron du Tour Européen…
Ce Canadien s’est très tôt intéressé au monde de la télévision. Dès ses études terminées, il a exercé plusieurs postes au sein de la chaîne du câble canadien, « The Sport Network ». Elle diffuse (en langue anglaise) des retransmissions sportives, des « talks-shows » … Il a ensuite été le patron de l’équipe des « Toronto Argonauts » (football américain) entre 2000 et 2007. Pendant son mandat, les « Toronto Argonauts » remporteront la « 92nd Grey Cup » (Championnat Canadien de football américain). Ensuite, entre 2007 et 2010, il prend la direction du consortium médiatique en charge de la retransmission des JO de Vancouver de 2010. En septembre 2010, il deviend président de « Rogers Media » et réussit à négocier un important contrat de diffusion des images de la NFL pour le Canada. Bref, un homme de TV et un fin négociateur.
A priori, cet homme a le profil idéal pour faire passer le Tour Européen dans une autre dimension. En effet, il allie une bonne connaissance du « sport business » et de la télévision…
Le bilan, hyper rapide, du Keith !!
Dès sa prise de fonction en 2015, il annonce la couleur, le Tour doit évoluer notamment pour garder ses stars Européennes. En effet, celles-ci sont de plus en plus enclin à lorgner du côté du PGA Tour notamment à cause des gains beaucoup plus important. Les résultats sont mitigés…
Les tuiles
- Un nouveau système de « ranking » est mis en place dès 2017… Cependant, ce nouveau système ne fait pas long feu. En 2019, on revient à un classement plus simple mais avec une répartition des points mieux équilibré entre les joueurs qui jouent les « Rolex Series » et ce qu’ils ne les jouent pas ;
- La mise en place des « GolfSixes » qui est un mélange de Stroke Play et de Match Play – un format de jeu sur 6 trous. Une idée qu’il aurait « voler » à un ancien joueur professionnel, John McHenry avec qui il est en procès…. Au-delà de ce petit conflit, les frais de gestion de ce type d’évènement sont assez conséquents pour un retour sur investissement assez faible. Il y a donc un risque que ces événements ne perdurent pas dans le temps…
- La première nouvelle version du site Web de l’European Tour. Après, seulement quelques semaines, la direction décide de faire un retour arrière pour revenir à l’ancienne version. En effet, la nouvelle version déclenche un tollé chez les « fans » : peu ou pas didactique, des bugs…
- Sa communication vers les instances du Golf Français… une catastrophe !!
Les réussites
- Sa décision de passer à 3 tournois pour les « Final Series », est plutôt bien accueilli ;
- La mise en place de tournois richement dotés, les « Rolex Series » a pendant un temps permis de garder les Stars Européennes sur le circuit. Mais aussi, d’attirer les gros bonnets du PGA Tour, comme Patrick Reed, Dustin Johnson… Mais ce n’est pas encore la panacée. Il suffit de regarder les absents du prochain « Nedbank Golf Challenge » (Jon Rahm, Rory,…);
- Par ailleurs, les joueurs du Tour sont gagnants. En 2016, le 100ème joueur du Tour avait touché 275 000€ et en 2018, il touchait 400 000 €;
- Enfin, du côté des médias, un contrat avec « GolfTv » a été signé pour la diffusion des épreuves, des interviews des joueurs pendant leur tours sont maintenant possibles…. Bref tout un tas d’innovations médiatiques pour attirer le chaland !
Le caillou français dans la chaussure de Keith Pelley …
La piètre méthode du Tour Européen pour annoncer la fin du partenariat de HNA avec l’Open de France, reste dans les mémoires comme une véritable déclaration de guerre. Tout le monde était au courant sauf les instances Golf Français…Le tout, l’année de la Ryder Cup en France. Bref de la colère et de l’émotion à tous les étages !!
Le bouquet final et logique, est la reprogrammation de l’Open de France, devenu tournoi de seconde zone, en Octobre… Avec une affluence en forte baisse (24 000 Vs 48 000 en 2018) alors que le champ de joueur n’était pas trop mal.
Pour se faire pardonner, mais surtout parce qu’il n’y a toujours pas de partenaire à la hauteur, le Tour Européen continue de supporter financièrement l’Open France.
La dernière sortie de Keith Pelley dans l’Equipe du 30 Octobre
« Ce serait génial de jouer l’Open de France ailleurs ». Notre réaction a été unanime, sont-ils devenus fous au Tour Européen ? On a l’impression qu’ils ne savent plus comment faire et qu’ils sont dans un sauve-qui-peut ?
L’idée du « staff » en place est d’avoir une réflexion globale sur l’Open de France pour le dynamiser. Il faut, semble-t-il, ne pas prendre uniquement en compte le parcours dans l’équation… On parle, notamment, de Terres Blanches mais rien ne semble encore décidé.
Pourquoi ?
Sans doute par ce que les frais financiers d’organisation de l’Open de France au Golf National sont trop importants. En effet, l’absence de partenaire majeur ne permet pas au Tour Européen de rentrer dans ces frais et donc d’être rentable.
Oui mais…
On ne comprend pas comment le Tour Européen, après cette fantastique Ryder-Cup, n’arrive pas à capitaliser sur cet évènement pour faire venir un partenaire à la hauteur. Sont-ils trop anglo-saxons dans leur attitude ? N’ont-ils pas assez de contacts, relais… dans le milieu des affaires ?
C’est particulièrement étonnant car les entreprises florissantes sur le territoire français sont légions. Par ailleurs l’investissement ne serait pas très important au regard d’autre sports.
Il faut faire vite !!
L’opportunité est là, sachant qu’en 2020, l’Open de France se déroulera en Juillet. Une créneau beaucoup plus intéressante en termes d’exposition.
C’est même assez urgent, puisque comme l’indique Keith Pelley : « Je crois que pour les deux prochains calendriers, 2021 et 2022, en dehors des Majeurs et des WGC, seules trois épreuves ont des dates bloquées par contrat. Nous n’avons pas non plus de flexibilité de date concernant le Dunhill Links (Écosse), car les trois parcours nous sont ouverts à cette date et pas à une autre. Donc non, l’Open de France n’a pas une date fixe pour les prochaines années. ».
Ça ne sent pas bon du tout pour l’Open de France !! Si, aucun partenaire de taille respectable s’intéresse à cet Open ; il repartira dans une programmation en octobre…
Enfin, le bon vieux Kieth à même insister :
« Pourquoi ne pas poursuivre cette ouverture, pourquoi ne pas faire bouger le tournoi à travers le pays, comme les font pas mal d’autres Opens nationaux ? ».
Keith Pelley (L’Equipe du 30 Octobre 2019)
A quoi, on lui répond dans un grand sourire « Et si on jouait le PGA BMW Championship sur un autre parcours que Wentworth ? ». Rien que pour voir la tête du partenaire majeur BMW.
Pour sauver l’Open de France, il est urgent que les instances du Golf Français agissent pour trouver un partenaire majeur pour cet Open qui fait partie de l’histoire du Tour Européen. Il suffit de regarder les noms des anciens vainqueurs : Ballesteros (4 fois), Faldo (3 fois) Norman, Langer, Goosen (2 fois), Kaymer, Fleetwood, McDowell…
The Golfiest